EMDR, la thérapie qui soigne à l'oeil ! Yvonne Renault, Psychologue à Nice.


22 août 2019

Faire bouger son regard pour guérir d’un traumatisme ? Cette surprenante technique a des résultats impressionnants. Et mérite qu’on y regarde d’un peu plus près.

Même traduit, le sigle EMDR – pour « désensibilisation et retraitement (de l’information) par mouvements oculaires » – demeure mystérieux. Tout commence en 1987. L’Américaine Francine Shapiro (1), aujourd’hui docteur en psychologie, remarque que lorsque des pensées perturbantes occupent son esprit, ses yeux se mettent naturellement à aller et venir très vite en diagonale. Ensuite, les ruminations s’évaporent, comme si les mouvements oculaires d’aller-retour aidaient à mieux « digérer » les réminiscences négatives. Au fil des séances, la thérapie se perfectionne, et une fois terminée, les « images » demeurent mais se présentent dénuées de leur charge émotionnelle. On peut alors évoquer l’événement sans perdre ses moyens, la mémoire est alors « reprogrammée ».

Les victimes de guerre, d’attentats ou d’abus sexuels peuvent développer un état de stress post-traumatique tout comme les personnes ayant vécu un deuil, un burn-out ou une séparation. Chez chacune d’elles, l’amygdale, qui gère les émottions, en a stocké le souvenir accompagné de la peur et des bouleversements négatifs éprouvés alors. Des années plus tard, une situation banale (un bruit, par exemple) va reconnecter le cerveau à ce souvenir pénible et faire resurgir les émotions d’origine. D’où l’intérêt de l’EMDR pour anesthésier ces « remontées » éprouvantes. Depuis 2013, l’OMS la recommande d’ailleurs pour traiter le stress post-traumatique.

Mouvements oculaires et douces pressions

Psychothérapeute et cofondateur de l’association EMDR France, Jacques Roques (2) a été l’un des pionniers dans l’Hexagone. Après une phase de « préparation » du patient, le praticien entame le travail. « On ramène la personne au souvenir traumatique tout en lui faisant parallèlement effectuer une stimulation bilatérale (mouvements des yeux, tapotements sur les épaules…). Ça actionne le système parasympathique du cerveau, qui lui, favorise la détente », explique-t-il. Le choc perd alors peu à peu en intensité. Le souvenir peut enfin être enregistré sans les émotions qui lui étaient associées. Lorsque le traumatisme s’est répété durant plusieurs années (humiliations, injustices…), l’amélioration exige davantage de temps. « L’EMDR n’est pas une panacée, prévient Jacques Roques. Il est très difficile de dire à l’avance si ça va marcher ou pas. Mais lorsque c’est le cas, c’est comme si l »on enlevait une écharde dans la peau. Cela a nettoyé la plaie. Ensuite, le corps peut guérir. »

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Présenté par Yvonne Renault, Psychologue à Nice.