"Confinement : quelles conséquences pour la santé mentale ?" présenté par Yvonne Renault, Psychologue à Nice


19 mars 2020, Marie Cécile Ray, Nutrition.fr

« Confinement : quelles conséquences pour la santé mentale? » Dépression, anxiété, stress… L’isolement forcé peut avoir des conséquences négatives sur notre mental et elles ont été mises à jour par diverses études. Sachons prévenir ces risques dès à présent.

Pourquoi c’est important.

L’épidémie de COVID-19 a débuté en Chine, à Wuhan, puis s’est répandue dans le monde. Dès décembre 2019, des personnes qui ont été en contact avec le virus ont été mises en quarantaine (ou en « quatorzaine »).

En France, le confinement de la population a débuté le 17 mars à 12h. Parce qu’il nous empêche de voir nos proches et nous prive de notre liberté habituelle, il peut être un moment déplaisant, voire angoissant pour certains. D’autres pays ont connu cette situation avant nous, ce qui nous permet d’avoir du recul pour anticiper les risques sur notre santé mentale et prendre des dispositions pour les limiter.

Sur le site The Conversation, Catherine Tourette-Turgis, chercheuse au CNAM, fait le point sur les recommandations des experts pour éviter les effets négatifs du confinement. Deux études sont parues récemment sur ce sujet dans des revues à comité de lecture.

Une enquête sur la santé psychologique des Chinois lors de l’épidémie.

La première étude révèle les résultats d’une enquête nationale sur la population chinoise lors de l’épidémie de COVID-19. Les habitants ont été invités à répondre à un questionnaire sur leur santé psychologique. Les chercheurs ont analysé plus de 52 000 réponses venant de 36 provinces du territoire. Les deux tiers des personnes qui ont répondu à l’enquête étaient des femmes. Il en ressort que :

  • Un tiers des personnes ont ressenti de la détresse psychologique, surtout les femmes qui sont plus vulnérables au stress.
  • Les personnes les plus touchées par ce stress étaient les jeunes adultes (entre 18 et 30 ans) et les seniors de plus de 60 ans. Cela peut s’expliquer par le fait que l’infection est plus grave chez les personnes âgées et par l’effet anxiogène des réseaux sociaux sur les jeunes adultes.
  • Les personnes qui doivent se déplacer pour travailler sont aussi plus touchées par le stress psychologique à cause des craintes d’être exposé au virus lors des déplacements.
  • Les régions les plus touchées par l’infection enregistrent plus de stress psychologique.
  • La qualité du système de santé influence le stress psychologique. Par exemple, Shanghaï est à haut risque pour le COVID-19 à cause des nombreux déplacements des travailleurs. Mais il n’y a pas de pic de détresse psychologique, peut-être grâce au système de santé performant, et sa gestion exemplaire de l’épidémie.
  • La détresse psychologique a diminué avec le temps lorsque les mesures de prévention ont réduit la propagation du virus

Les populations à risque sont donc, sans surprise, plutôt les jeunes, les femmes, les seniors, les travailleurs qui se déplacent et les habitants des régions les plus touchées par le COVID-19. Le recours à la télémédecine pourrait aider à prévenir des problèmes psychologiques.

Les conséquences des quarantaines dans le monde.

Dans la seconde étude, parue dans The Lancet, des chercheurs du King’s College (Londres) ont compilé les résultats de 24 études sur les conséquences psychologiques des mise en quarantaine. La quarantaine consiste à isoler des personnes qui ont été en contact avec un agent infectieux, afin d’éviter qu’elles propagent la maladie. Le terme de quarantaine a été utilisé pour la première fois à Venise, au Moyen-Age, dans un contexte de lutte contre la lèpre, puis plus largement contre la peste. Plus récemment, mais avant la crise du coronavirus, des mesures de quarantaine ont été prises dans différents pays, par exemple à cause du SRAS ou d’Ebola.

La plupart des études ont identifié des conséquences négatives liées à la quarantaine : stress post-traumatique, confusion, colère… Ces effets négatifs peuvent se poursuivre à long terme, notamment à cause des conséquences économiques de la quarantaine.

Certains facteurs augmentent ces problèmes psychologiques : la durée de la quarantaine (il ne faut pas prolonger la quarantaine inutilement), la peur de l’infection, l’ennui, le manque d’information, le mauvais approvisionnement en denrées alimentaires ou les pertes financières. Les effets psychologiques négatifs sont liés une privation de liberté qui est imposée : si la quarantaine est volontaire, les risques sont moins importants.

Les auteurs émettent des recommandations pour éviter la détresse psychologique des habitants, quand la quarantaine est indispensable.

  • Informer correctement et rapidement la population pour qu’elle comprenne et accepte la situation,
  • Veiller au bon approvisionnement en médicaments et produits de nécessité,
  • Fournir des activités aux habitants pour qu’ils supportent mieux l’isolement et ne s’ennuient pas,
  • Insister sur l’aspect altruiste de l’isolement.En pratiqueSi ces recommandations concernent surtout les autorités, vous pouvez appliquer certaines mesures chez vous pendant le confinement.

En pratique :

  • Prenez des nouvelles de vos proches, notamment les personnes seules, âgées et vulnérables, pour rompre l’isolement.
  • Trouvez de nouvelles occupations pour vous et vos enfants : lecture, jeux, rangement, méditation, apprentissage d’une nouvelle langue, visites virtuelles de musées…
  • Limitez les informations anxiogènes qui accroissent le stress psychologique.

Lire l’article sur La Nutrition

Présenté par Yvonne Renault, Psychologue à Nice.